Une évaluation scientifique en cours pourrait valider les bienfaits thérapeutiques du shiatsu ! En septembre 2022, un essai clinique a été mis en place au centre hospitalier régional (CHR) d’Orléans pour évaluer l’efficacité d’un traitement shiatsu sur la fatigue de patients atteints de spondylarthrite axiale (1). Le protocole prévoit une étude randomisée (2) menée en cross-over (3) sur une cohorte de 120 patients.
Ce projet, mené à l’initiative du CHR d’Orléans et du syndicat des professionnels de shiatsu (SPS), est réalisé avec le concours de plusieurs spécialistes en shiatsu orléanais.
Au terme de l’étude, si une validation scientifique de l’efficacité thérapeutique du shiatsu venait à se confirmer, ce serait une avancée considérable pour que cette technique manuelle de soin puisse un jour s’inscrire officiellement comme une thérapie à part entière dans le système de santé français, comme c’est le cas au Japon depuis 1955.
Aujourd’hui, le shiatsu fait partie des pratiques de soins non conventionnelles, intégrées dans la catégorie des médecines dites « alternatives » ou « douces », qui ne peuvent en aucun cas se substituer aux traitements de la médecine conventionnelle mais qui constituent une part importante de soins complémentaires. Près de 38 % des Français y auraient régulièrement recours, en traitement préventif ou d’appoint. Selon d’autres sources, le chiffre dépasserait les 50 %. Au sein de l’Union européenne, le Parlement européen évalue entre 20 à 50 % le pourcentage de la population de ses États membres qui utilisent ces médecines (4).
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a notamment pris en compte la contribution que peut apporter à la santé et au bien-être des individus les approches issues des médecines complémentaires et alternatives.
Dans son plan de stratégie pour la médecine traditionnelle pour les années 2014 à 2024, l’OMS souhaite soutenir « les États membres qui cherchent à mettre à profit la contribution de la médecine traditionnelle à la santé, au bien-être et aux soins de santé centrés sur la personne et favoriser un usage sûr et efficace de la médecine traditionnelle au moyen d’une réglementation des produits, des pratiques et des praticiens ».
De leur côté, le Parlement européen et le Conseil de l’Europe ont appelé à la reconnaissance de ces médecines à partir du rapport du député Paul Lannoye à condition d’en encadrer strictement l’exercice et la formation. Le shiatsu avait d’ailleurs été cité comme « médecine non conventionnelle digne d’intérêt » parmi huit approches complémentaires désignées dans la résolution A4-0075/97, votée le 29 mai 1997.
Aujourd’hui, une réflexion sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique est engagée par le gouvernement français. Un groupe d’appui technique (GAT) a été créé à cet effet. Il est notamment chargé de coordonner l’évaluation scientifique des pratiques non conventionnelles. Car seul un bénéfice scientifiquement démontré pour une pratique pourra justifier sa reconnaissance dans le système de santé. Pour le shiatsu, une voie est désormais ouverte ! A suivre…
(1) La spondylarthrite est une maladie inflammatoire chronique avec atteinte du squelette axial.
(2) Un essai randomisé est une étude expérimentale dans laquelle un traitement (ou une intervention) est comparé à un autre traitement, à une absence de traitement ou à un placebo.
(3) Chaque patient reçoit tous les traitements de l’essai, administrés lors de périodes successives.
(4) http://www.assembly.coe.int/nw/xml/XRef/X2H-Xref-ViewHTML.asp?FileID=8014&lang=fr
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/medecines-non-conventionnelles